Histoire de la Nouvelle France – Chapitre 4

Chapitre 4 – Le fleuve, voie utile au transport des fourrures

L’événement important qui marqua l’Est du Canada, après le voyage de Jacques Cartier, fut la disparition des Iroquoiens du Saint Laurent. Pendant longtemps les anthropologues croyaient que les Iroquoiens du Saint Laurent étaient les ancêtres des Mohawks, des Onondagas, des Oneidas et de quelques autres tribus. Mais plus tard, les linguistes puis les archéologues, virent à dire que les Iroquoiens du Saint Laurent étaient des groupes iroquoiens distincts qui s’étaient développés dans la vallée du Saint-Laurent. La première référence historique à cette disparition des Iroquoiens du Saint Laurent est attribuée à une attaque des Iroquois survenue aux environ de 1600, selon Pierre Erondelle. Un prêtre, du nom de Denis Jamet, écrit dans un document datant de 1615 à Québec, situe l’événement proche des voyages de Cartier. On dit également qu’une tribu algonquine, la Petite Nation, a été chassée de l’île de Montréal. Mais selon le portrait que Champlain a laissé de la vallée du Saint Laurent avant 1603, les iroquoiens du Saint Laurent n’y vivaient déjà plus. Les Algonquins et les Montagnais vivaient au nord du fleuve et les Mohawks vivaient quand à eux plus au sud.
Certaines hypothèse disent qu’il serait plus probable que ce sont les Iroquois qui attaquèrent les Stadaconiens et les Hochelaguiens. Le maïs que cultivaient ces Iroquoiens aurait poussé les peuples du Nord à les considérer comme de bienveillants partenaires commerciaux plutôt qu’à les traiter en ennemis. Il se peut très bien que l’économie des tribus ait été affectée lorsque le refroidissement du climat, après 1550, rendit plus difficile l’horticulture.
C’est en 1621, que les Iroquois et les Algonquins entament des négociations de paix. Champlain écrira « las et fatigués des guerres qu’ils avaient eues, depuis plus de cinquante ans. Ce long duel aurait commencé une trentaine d’années après le voyage de Roberval et une vingtaine d’années après que Tadoussac soit devenu un haut lieu de traite. Lorsque Champlain traversa la province en 1615, il remarqua de vastes espaces que la guerre avait dépeuplés. En 1610 quelques reste de groupes Amérindiens se joignent aux deux principales tribus.

Mais Champlain n’a que peut de temps pour étudier tous ces faits. Il remonte rapidement le Saint Laurent désert. Il atteint la zone de Trois Rivières. Il en examine le lieu et décrit les îles. « La plus grande pourrait être fortifiée, car sa situation est forte en soi » Il rajoute  » l’habitation des Trois Rivières serait un très grand bien pour la liberté de quelques nations qui n’osent pas venir, de peur des Iroquois qui tiennent toute ladite rivière du Canada bordée. Alors pourquoi les Amérindien d’amont veulent-ils descendre le fleuve ? Pourquoi les français veulent-ils faciliter le passage et parlent de construire un poste de garnison ? Tout simplement il s’agit de commerce de fourrures. La navigation sur le fleuve doit être libre pour que les transports des pelleteries et des marchandises de traite le soit.
Déjà à cette époque, les Algonquins de l’Outaouais, ainsi que les Hurons, viennent à la traite.
On rapporte même qu’un courant de fourrures, venant du Saint Laurent supérieur, s’est très certainement établi bien avant le premier voyage de Champlain, en 1603. C’est justement cette artère du Saint Laurent de l’Outaouais que les Iroquois bloquent en 1603 comme ils vont le faire à nouveau en 1642.
Le commerce régulier des fourrures est beaucoup plus ancien en Nouvelle France qu’en Nouvelle Hollande.
Tout cela est d’une importance capitale pour les Français qui songent à établir une colonie fondée sur les bénéfices de la traite des pelleteries. Champlain doit donc immédiatement songer à libérer la voie en construisant aux Trois Rivières un poste fortifié. Par la suite, Champlain s’avance en barque dans le secteur dangereux du fleuve. Il atteint la rivière Richelieu « rivière des Iroquois ». Une première victoire est remportée à l’embouchure au printemps. Entre les forêts de pis, Champlain suit la rivière Richelieu jusqu’aux premiers rapides. Ses guides lui donnent connaissance des lacs Champlain, Saint Sacrement, de l’Hudson, de l’Iroquoisie. L’endroit est tempéré et il a peu d’hiver.
C’est à Montréal que Champlain recueille d’autres informations sur un grand conflit avec les Algonquins. Ces derniers empruntent la rivière Saint Hubert pour se rendre en Iroquoisie. La coalition laurentienne remonte aussi la rivière Oswego, qui se jette dans le lac Ontario, pour déboucher à Onnontaé, la capitale, en plein cœur ennemi.
Comme l’écrivait Champlain  » Cette terre est très fertile, il y pousse du blé d’inde (maïs) et autres fruits.
Mais cette guerre obsédera Champlain jusqu’au dernier instant. Il effectue un cours voyage dans la Baie des Chaleurs et apprendra que les Amérindiens de la Côte de l’Acadie font des guerres expéditives contre les Iroquois.

Par la suite, Champlain retourne en France avec une bonne idée des conflits qui sévissent dans l’est du Canada. Il connaît la virulence de la guerre et possède la carte des lieux. Comme Champlain fait le voyage avec des marchands de pelleterie, qui eux travaillent pour des gens qui en font le négoce, il peut calculer les conséquences de cette lutte sur ce commerce très prolifique. C’est là qu’il peut prendre les mesures à élaborer. Installer une colonie sur les rives du Saint Laurent ?

Au début des années 1600, l’est du Canada rentre de plain-pied dans l’histoire. Les différents récits de Champlain, de Lescarbot et les relations des Jésuites nous démontrent la chronique contemporaine de l’exploration et de la colonisation européenne, mais surtout française. Tous ces écrits fournissent une image des cultures autochtones et des rapports entre les Amérindiens et les Européens. Par contre dans ces rapports, les auteurs réduisent les autochtones à des éléments peut important.

Subitement, en 1604, la France ajourne ses projets de colonisations au Canada. Mais Champlain se rend en Acadie où il voyagera pendant trois ans. Il acquière des expériences et observe. De retour à Paris, s’ajointe Pierre de Gua de Monts. Son choix est fait et il opte définitivement pour le Canada. Champlain est responsable de l’emplacement de la Nouvelle France. Mais pour y arriver, il convainc Pierre de Gua de Monts, le grand Seigneur influent qui obtient la commission royale. Mise au courant de la fertilité des terres du pays et les peuples de ce pays sont disposés à recevoir la connaissance de Dieu, Sa Majesté veut bien continuer la colonisation de Nouvelle France. Comme le Sieur Pierre de Gua de Monts est partant pour cette colonisation, le roi lui donne quelques moyens et commodités et lui accorde le droit exclusif de commercer la pelleterie et autres marchandises. Henri IV signe cette pièce officielle où sont liés étroitement la fondation de la colonie et le commerce de fourrures. C’est ainsi que le commerce des fourrures acquiert une importance nationale selon que cela soit plus ou moins lucratif, qu’il rapportera des recettes et que la colonie soit plus ou moins florissante. Champlain est chargé de la lieutenance de cette colonisation. Pont-Gravé, qui connaît le pays depuis fort longtemps, il devient le député pour les négociations avec les Amérindiens (sauvages du pays) C’est lui qui va conduire les affaires extérieures.

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