Les faux rapports des USA sur la base de Thulé au Groenland

Greenpeace dénonce un rapport des USA truqué sur les déchets de la base de Thulé au Nord de Groenland.

Le 05 mai 2003 à 21:08 L’organisation écologique Greenpeace a fustigé lundi un rapport américain classé secret sur les dépôts de déchets chimiques et de métaux lourds à la base-radar américaine de Thulé (nord-ouest du Groenland), affirmant qu’il est truqué et assorti de conclusions douteuses.

Pour Greenpeace, qui s’est procuré ce document de 4.000 pages, « personne ne sait apparemment aujourd’hui ce qu’il y a dans les 54 dépôts de la base de Thulé, qui constituent une bombe à retardement pour le Groenland », territoire autonome danois dans l’Atlantique nord, a déclaré à l’AFP un de ses représentants, Mads Christensen.

Mads Christensen s’est insurgé contre le fait que Copenhague tente de faire accepter aux Groenlandais un nouvel accord avec les États-Unis sur la modernisation de la base, « indispensable pour que le bouclier antimissile américain soit opérationnel », alors même qu’on ignore « l’étendue des dégâts causés à l’environnement, ni qui va payer les dommages ».

Selon Greenpeace, le ministère danois de l’Environnement a sévèrement critiqué ce rapport américain – dans une note interne à laquelle l’organisation dit avoir eu accès -, jugeant qu’il « utilise des critères de risques loin d’être conformes aux standards internationaux ».

D’après cette note, le ministère a mené une enquête en 2001 sur le site de Dundas (« Uummannaq » en Inuit), village esquimau rétrocédé en février dernier au Groenland après avoir été sous contrôle américain depuis 1953. La teneur en PCB (polychlorobiphényles), substance chimique utilisée largement par les Américains dans les transformateurs et comme additif dans les huiles de vidange, y était supérieure aux limites autorisées dans au moins un cas.

Greenpeace s’inquiète des « 50 autres dépôts de déchets » sur la base, rappelant que les Américains « ne sont pas obligés de nettoyer derrière eux ».

L’organisation compte transmettre ce rapport confidentiel à Inuit Circumpolar Conference, une ONG qui représente 125.000 Inuit (esquimaux) du Groenland, Russie, Alaska et Canada.

A Nuuk, le chef-lieu de l’île du Groenland, le chef du gouvernement local groenlandais, Hans Enoksen, a immédiatement réagi en exigeant que lundi que les États-Unis fassent le ménage dans les quelque 54 dépôts de déchets chimiques et de métaux lourds qui polluent la base américaine.

« Le Groenland n’acceptera jamais une pollution aussi étendue, et les informations à ce sujet auront sans aucun doute une influence dans les négociations avec Copenhague » sur une déclaration de principe qui doit être signée mardi, assurant aux Groenlandais une influence dans les questions de politique étrangère concernant leur territoire, a-t-il déclaré à la radio.

« Nous devons avoir une information complète sur cette pollution, et exiger que les Américains nettoient derrière eux » a affirmé le chef de l’exécutif groenlandais.

Cette exigence sera en tête de l’ordre du jour lors de la présentation prochaine de la position commune dano-groenlandaise au secrétaire d’État américain Colin Powell face à la demande des États-Unis de moderniser la base-radar de Thulé, un des éléments essentiels du bouclier antimissile US.

Info AFP.