Transalpes – étape 4

Jeudi 8 février.

Étape de grande classe, qui franchit le col d’Isoard à 2360m. Passage mythique du Tour de France cycliste.

Après avoir rejoint le village d’Arvieux, nous voilà au pied du col d’Isoard. La température est toujours aussi douce pour mes chiens et moi-même, malgré quelques flocons qui dansent dans les airs. Les sommets sont enveloppés dans une brume qui, je l’espère, rendra cette étape grandiose. Une dernière mise au point par l’organisation vers 8h30, qui nous annonce la configuration du terrain et les passages à faire.
Tout d’abord la montée du col d’Isoard, 2360m d’altitude, puis descente vers Cervières pour remonter le col des Anges 2800 mètres environ et enfin une piste qui rejoint la ville de Briançon, pour un total de 54 km avec des dénivelés dans les jambes !!

Mon heure de départ est 9h32 exactement. J’ai devant moi trois concurrent qui partent avant. Je décide d’atteler 12 « Gamins » : Ganac – Inlet – Iryam – Kayne – Griffin – Lucassie – Igor – Igloolik – Iqaluit – Gamarok – Kayak – Lugalik – Une bonne équipe.

C’est partie pour cette étape de cols. L’Isoard, mes compagnons avalent les 7 kilomètres en moins d’une demie-heure. Tout va bien. Le sommet se trouve dans un brouillard avec une petite neige qui cingle mon visage et qui donne une ambiance légèrement toundra. Je sens déjà que c’est une étape pour mes Gamins. Arrivée dans la vallée de Cervières, je compte une bonne avance sur les autres. Mais les vrais difficultés ne font que commencer. Un col, à 2050m, puis un autre, lui à 2850m. J’attaque un combe puis un premier raidillon qui est à 45 %. Le tout sur environ 4 kilomètres. Un faux plat et un deuxième raidillons. Encore plus accentué.

(Cela me rappelle la fameuse étape où j’ai eu le passage de la banquise sur le sommet des plateaux de la toundra à 600 mètres d’altitude, dans mon expédition Nunavik.) Dans ce raidillon je m’arrête assez souvent pour laisser reprendre du souffle à mes « Gamins ».
J’aperçois les autres encore dans la vallée. Je continue ma montée, qui pour moi, est tout une épreuve physique. Je n’ai plus 20 ans !! Par moment mon souffle est littéralement coupée et j’ai l’impression que mon cœur va exploser d’un moment à l’autre. Mais on continue, en serrant les dents. La neige est toujours de la partie. Le vent s’en mêle au sommet du deuxième col. Un vent humide !

Tiens ! Des militaires. Des chasseurs alpins, tout de blanc vêtus, montent en peaux de phoque d’un pas cadencé. Ganac profite de prendre une de leur trace pour franchir ce col non loin d’une cabane qui porte pour nom : « La Cabane des douaniers » On est proche de l’Italie. Et voilà qu’une descente dans une neige légèrement humide nous ramène sur un plateau. avant de plonger sur Briançon par cette fameuse piste qui est littéralement accrochée aux parois rocheuses des montagnes. Un superbe décor. Mais je découvre toute une série d’épingle qui sont de vrais casse tête pour la longueur de mes 12 chiens. La première passe !

La deuxième m’oblige à renverser mon traîneau. Les chiens, eux, pas de problème. Ganac et Inlet en tête se régalent comme rigoler un peu de ma pomme !
La troisième épingles ! Arrêt brutal contre l’arbre placé dans l’épingle. Les chiens en contre-bas tirant comme des dingues, et moi qui essaye tant bien que mal de tirer sur le traîneau pour le sortir de cette passe sans le casser. Ouf. Perdu 5 minutes. Mais je n’avais pas encore tout vu. La cinquième et la sixième épingles, exactement la même chose, sauf que là j’ai du détacher des chiens qui tirent sans rien n’y comprendre, couper l’arbre, rattacher les chiens, et sauter sur le traîneau tout en essayant de freiner avant la prochaine épingle ! Perdu 10 minutes.
J’aperçois enfin Briançon, et l’arrivée que je franchis sous les applaudissement d’un public venu voir mes vaillants compagnons à quatre pattes. Le soleil se montre timidement, mais assez pour donner du baume au cœur. Ils ont tous mérité les bisous et des câlins et un grand bravo de ma part. Ils viennent de découvrir les Alpes !!

Dommage d’avoir perdu plus 15 minutes dans les derniers kilomètres à travers ces maudite épingles.
Mais, de toute façon je sais déjà que je ne gagnerai pas cette course, et je ne suis pas venu dans ce but.
À Auron, on me demande d’offrir le spectacle avec 15 chiens, perdu un temps fou avec les médias.
Le lendemain idem.
Mais je pense que l’esprit Paul-Emile Victor était loin aussi de faire des records. Alors je continue cette merveilleuse traversée avec mes Gamins pour partager avec les jeunes des collèges PEV et des associations de handicapés.

Je vous dis à demain.

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